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2 avr. 2008

Brown Pete and His Battered Ornaments

Pete Brown. And his Battered Ornaments. Deux albums au compteur. Et l’une des légendes les mieux gardées du label Harvest, celui que les Floyd parachèveront de devenir mythique. S’échangeant à plusieurs centaines d’euros sur les bourses mondiales du vinyle. À tort, à raison, on va tenter de vous le démontrer.

Pete Brown fait partie de ces personnes influentes dans le paysage sixties d’alors. Personnalité attitrée du groupe de poète beat idolâtré par Ginsberg en Angleterre, puis parolier de Cream, ni plus ni moins. Mais également joueur de trompette émérite. Qui fera ses premières armes au sein des the First Real Poetry Band (avec entre autres John Mc Laughlin et B.Mc Kenzie). Dans lequel il développera sur une musique avant-gardiste ses poèmes ésotériques, passionnés, mystiques, y contant ses rêveries voyageuses de clochards célestes .

Mais incontestablement, c’est avec la bande à E.Clapton que Pete Brown se fait connaître du monde de la pop (Sunshine of Your Love, White Room). Il travaille un temps avec Graham Bond, écrivant de manière pléthorique. Et souhaite lui aussi percer dans ce monde extravagant qu’est la pop music. Mais souci majeur. Si Pete est un excellent écrivain beat, il n’en demeure pas moins un chanteur basique, mettant finalement peu en relief l’imagination débordante de ses textes.

L’ego surdimensionné de Jack Bruce et Éric Clapton ayant raison de Cream en 1969, c’est à ce moment précis que Pete Brown décide de se lancer. Et de fonder son propre groupe, les Battered Ornaments, en compagnie de Chris Spedding (guitare), Dick Heckstall-Smith (saxophone) et Butch Potter (basse) notamment. Leurs premiers pas scéniques s’inscrivent dans la mouvance underground qui agite Londres dès 1968, les poèmes plus déclamés que chantés impressionnant le public et attirant les maisons de disques. Finalement, c’est le label progressif d’Emi, Harvest, qui empoche la mise.

Le groupe part alors rapidement enregistrer son premier opus. A Meal You Can Shake Hands with in the Dark sort dans les bacs les semaines suivantes, et creuse l’impressionnisme avant-gardiste du groupe. Un disque irrémédiablement original, brassant large, et se décloisonnant de toute étiquette. Du somptueux free-jazz enlevé Dark Lady où le saxo se tortille vigoureusement, en passant par cette guitare désaccordée de The Old Man où Pete nous conte languissamment de vieilles légendes oubliées. Station Song, et sa longue rêverie sur des airs orientalisants, charme de suite l’auditeur, qui se prélasse sur ses notes de guitares de Spedding, qui démontre à qui veut l‘entendre que Chris fut un putain de guitariste de studio. Et puis ce politician engagé, Pete déclamant en intro un poème d’une rare violence sur plus de 4mn, se terminant par un rot ancestral en guise de pied de nez, et se poursuivant sur un rock swinguant totalement déjanté. Le très psychédélique Sandcastle est également imparable, Spedding répondant en écho à une flûte enchanteresse et lancinante, où surnage un étrange sentiment de délire tribal que la batterie accentue de ses rythmes funk et répétitif.

Le disque reçoit de très bonnes critiques, mais reste évidemment confidentiel s’agissant des ventes. Sans doute trop expérimental, et anémique pour de tendres oreilles. En 1969, le groupe part en studio réenregistrer un second opus, et joue en compagnie des Stones à Hyde Park. Le lendemain même, Pete Brown est débarqué, ses prestations au chant étant jugées lamentables sur les bandes du deuxième album !

Mantle Piece voit donc finalement le jour, sans Pete, et avec Chris Spedding au chant qui assure comme il peut l’intérim, collant sa voix sur des bandes déjà enregistrées. L’album paraît dans une atmosphère maussade, le groupe se disloquant progressivement. Et l’on retrouve sur la galette ce manque de cohésion, de zeste de folie propre à Pete Brown. L’album démarre timidement au détour de 4 morceaux certes charmants, mais bien loin de ce premier LP. Il faut attendre l’instrumental Straggered et son ambiance gitane un peu étrange et vaudou pour retrouver toute la magie de ce groupe au potentiel créatif infini. Gâchis me diriez vous, en quelque sorte oui. Notamment à l’écoute de Smoke Rings, lente descente laconique somptueuse, ou au détour du Floydien My loves gone far away où Chris Spedding fait réverbérer sa guitare dans des échos délirants et mélancoliques.

Mantle Piece aurait pu être un chef-d'œuvre, il restera un objet de cire confiné dans le cercle restreint des galettes bâclées. Réservée à une certaine tranche de mélomanes au portefeuille bien garni. 1970, le groupe se sépare suite au départ de Spedding qui s’en va jouer avec Jack Bruce, pour qui écrira également Pete Brown. Ce dernier s’exhumant un dernier projet, Piblokto, qui certes n’a pas sa place ici, mais qui mérite une très grande attention. On y reviendra, à coup sûr !

DISCOGRAPHIE:

_ 1969 : SP The Week Looked Good On Paper / Morning Call (label Parlophone R5767)

_ 1969 :LP A Meal You Can Shake Hands With In The Dark (label Harvest SHVL 752 / Cotation : 120Euros)

_ 1970 : LP Mantle Piece (label Harvest SHVL 758 / Cotation : 150Euros)

LIEN : Mantle Piece

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